Archives mensuelles : avril 2022

Monodie

Monodie

J’ai dans l’idée d’éviscérer chaque minute
et de la re-fourrer de coups et d’uppercuts.
J’ai dans l’idée qu’elle le sait – m’a aperçu
dans un taxi pour toujours. Quand «la nuit remue»,

il faut trouver quelqu’un à compter à rebours.
J’ai dans l’idée qu’elle le sait. Un petit tour
sur la tringle de ces orbites qui se donnent
des airs à auréoler certaines personnes

d’un halo de fatalité peut me suffire.
Elle le sait – se déplace comme une mire
avec l’horizon – elle est complètement folle.

Il n’est de meilleur combustible qu’une idole
au cœur sec et il n’est rien de plus comburant
que le vent dans ses voiles. Rien de moins innocent.

Collègues

Je suis passé deux fois devant sans comprendre, et la troisième fois j’ai fini par reconnaitre un stand.

J’ai survécu en cumulé à bien plus d’une décennie de « marché de la création » et je ne suis pas foutu de reconnaitre un stand quand j’en croise un.

à ma décharge, le stand était tenu par deux autrices/auteures/auteuresses indépendantes – comprendre autoéditées – qui avaient sorti une table, et leurs livres sur la table, devant le libraire en dessous de chez moi.

Elles ont été vraiment admirables toutes les deux parce que je suis arrivé incrédule, et que je suis reparti avec leurs déclarations d’intention, le pitch de leurs livres, un petit aperçu du métier qu’elles font, deux bon petits moments de conversations investies et très amènes, et évidemment deux livres dédicacés, que je lirai avec curiosité.

Et si ça me plait j’en ferai la recension ici.

Les liens

Mélinda Schilge : Ciao Bella

Meg : les épureurs tome 1 – la Sélection

La chaîne youtube ‘les indés se livrent »

Projet de fiche personnage : Jean Castaner dit Sal

Sal est le tout premier personnage qui apparaît à la toute première ligne du tout premier volume et il reste présent en bonne position dans les trois tomes de « par la racine », dans « la vie en rose » et dans « où la lune va » ; et comme je le sens, il va en être ainsi pendant un moment. Néanmoins, dans tous ces volumes-là, et même dans les nouvelles et textes courts du projet « sales romances » qui sont écrits à « SA » première personne, il n’est jamais vraiment un personnage principal, mais un acolyte, ou au mieux un « Trickster ». Très actif dans le récit, il ne l’est presque jamais pour être décisif dans l’avancement vers une résolution ou un dénouement, mais toujours pour le dévier vers une digression. Ou une pirouette.

Dans « par la racine », il vit une cinquantaine très adolescente, quoi que très abîmée, et chaque jour comme le vestige d’un passé surinvestit. Il a été chanteur des Pissenlits – groupe rock d’un ou deux succès dans les années 80 – et demeure coûte que coûte musicien – mais ce, plus grâce à ses droits d’auteur, qu’à ses projets autoproduits. Il est surtout le sideman, le presque bon camarade, l’auguste d’Amos Kowitz, personnage principal du récit et ancien bassiste des Pissenlits. Il a une relation intensément compliquée et débile avec Frida Daleb qui, contre toute attente, dure et se retrouve presque intacte dans sa complexité et sa débilité dans les volumes suivants qui la vieillissent seulement, en la situant toujours à la même place et dans le même registre quinze ans plus tard. Il y a aussi Tricot, un chien crétin, dans la situation. Mais lui bien sûr, le pauvre, vieillit beaucoup plus vite.

Je pense avoir rencontré toute ma vie des gens qui ressemble à Sal Castaner. Et ça et mes amitiés avec des chiens, c’est ma fortune.

Son Karma : Gros gros débile, impénitent, déficitaire, transi de tout, mordu.

Vanina Ah Ah §16

§16

Vanina Celesti a pris sa décision, et une grande inspiration. Si elle fait les choses dans l’ordre sans s’affoler, en gardant la tête froide, tout peut aller très vite. Et peut-être même très bien. Elle a posé le calendrier sur le lino de la salle de tapissage, s’est agenouillée pareil que tout à l’heure, elle compte jusqu’à trois et elle plonge sa tête dans le sol.

Un, deux , trois, les strates de matière et à nouveau la lumière. Mince, elle est toujours dans la cellule du gros type avec ses cheveux en arrière, mais au moins il dort. Ce n’était pas prévu, mais  à vrai dire, il est peu de chose qu’elle a réussi à prévoir. Le plan, le plan, oui… les caméras. Elle se tord le cou et repère dans  l’angle opposé, et qui filme le sol, une  petite caméra  blanche, vite, ne pas réfléchir. Elle passe son bras, et projette cette espèce de champs de force qu’elle ne sait pas nommer et qui explose la caméra contre le mur. Bon, Monsieur-Cheveux-en- arrière, ça le réveille. Et évidemment, il se met à crier, mais elle s’est déjà regroupée sur ses talons en surface. C’est lancé, c’est trop tard pour reculer maintenant. Elle se lève , pieds joints sur son rectangle de carton, se pince le nez, tient sa jupe et elle saute..

Elle tombe très lentement et le gars du dessous qui s’était levé pour comprendre ce qui a pu arriver à la caméra s’en rallonge à la renverse, et se met à ramper sur ses coudes et ses fesses , il dit «non», il répète «non», il va encore hurler. Alors , elle met son index devant ses lèvres :

– Ssssshhhht, il ne faut pas crier, parce que si vous criez je ne sais pas comment je peux réagir. Et ce n’est pas parce que j’ai une petite voix que ce n’est pas une menace. Si vous criez, même moi, je ne sais pas ce dont je suis capable. Et je peux vous dire que quand ça part comme ça… vous n’allez pas crier ?

Il se signe en boucle en secouant la tête.

– Bon, c’est bien, sinon , tchouffff. Vous vous appelez comment ?

– Sainte-Vierge… Sainte-Vierge…

– OK, je vais vous appeler Monsieur. Monsieur ? Vous savez s’il y a beaucoup de cellules dans cette prison ? Oui, je sais, ce n’est pas une prison, mais j’ai oublié ce qu’on m’a dit. Il y a une autre cellule ? oui oui Sainte-Vierge, Sainte-Vierge, vous pouvez au moins faire oui de la tête ? Oui comme ça, Sainte-Vierge, Sainte-Vierge, c’est oui ? Et vous pouvez m’indiquer la direction s’il vous plaît ?

Chérubin arrête ses psaumes le temps de se repérer dans l’espace physique, il montre du doigt le mur sur sa droite et s’en retourne à l’espace spirituel.

– Merci Monsieur. Vous pouvez continuer comme ça votre chanson, mais pas plus fort, on est d’accord ? Parce que je reste dans le coin et je vous ai au doigt et à l’oeil. Ah non ça c’est quand on ne paye pas. Je vous surveille en tout cas.

Elle s’approche du mur, et prend le temps de poser sa main dessus pour en revenir en force au plan. C’est bon, elle l’a, alors elle se penche en avant, et passe juste son nez et ses yeux dans la pièce d’à côté. Oui, il est là. Ce monsieur allongé par terre avec ses deux mains sur ses yeux, c’est MDK tel qu’elle ne devrait pas le voir… mais c’est trop tard : mais déjà la caméra là-haut : elle passe la main, et la caméra explose. Jean-George Rodriguez se lève d’un bond, et tout de suite il est en garde.

– Qu’est-ce que c’est encore ?

Sa voix passant à travers le mur est prise pour un encouragement par chérubin qui gérait plutôt bien son incompréhension jusqu’ici. Parce que quand même, on n’est pas sûr que ce soit la Sainte-Vierge, déjà parce que c’est bizarre qu’elle soit habillée comme ça. Mais ce dont on est sûr c’est qu’elle a mis sa tête à l’intérieur du mur. Et ça, si le con de la cellule d’à côté le voit aussi, et s’en offusque, on est un peu en droit de paniquer. Il se met à hurler, comme de douleur.

Vani, vani, Vani, ne réagis pas, tu vas le tuer, tiens-toi au plan. Dis à Méca que tu es là, et attends ses instructions. Elle repasse juste ce qu’il faut de sa bouche et se son nez dans la pièce à côté et elle appelle :

– Sainte-Vierge ?

– Hein ?

– Non, pas Sainte-Vierge… Méca ? C’est moi, c’est la Spectre Noire.

– Spectre ? Où êtes-vous ?

– Dans le mur.

– Vous êtes coincée ?

– Non, pourquoi ?

– C’est vous que l’organisation a envoyé pour me sortir de là ?

– Je ne sais pas, je ne crois pas. Je n’ai pas compris en fait.

– Qu’est-ce que vous faites là alors ? Et qu’est-ce que vous comptez faire ?

– Dans mon plan, c’est vous qui savez. Vous voulez que je m’en aille ?

– Non.

– Bon, dites-moi.

Jean-Georges Rodriguez fait rapidement un état de la situation. Il n’a toujours pas eu plus de dix minutes à lui pour y voir clair, il se passe toujours quelque chose. Mais, maintenant, il a le souvenir du début de soirée, jusqu’à quelque chose qui ressemble à un évanouissement, ensuite c’est la nuit noire, mais il sait que ça peut revenir. Que ça va revenir. Et surtout maintenant la Spectre est là. Bon, elle a l’air d’attendre de lui qu’il lui dise quoi faire, ce qui est quand même… bof non, ça lui ressemble, ça ressemble à tout ce qu’elle touche. Rien que là, s’il n’a pas sa voix inimitable, pour deviner que c’est elle… cette nouille d’élite ne laisse dépasser du mur que son menton, son nez, et sa bouche. Il faut quand même un pète au casque de type sévère pour se tenir comme ça. Quelle position ça peut lui faire adopter de l’autre côté du mur ? D’ailleurs, l’autre côté du mur, c’est… c’est la cellule de Chérubin ? Comment ? Qu’est-ce qu’elle fait dans la cellule d’à côté ?

Le bruit s’intensifie encore à côté justement, d’évidence les gardiens en nombre ont décidé d’aller calmer Chérubin.

– Attention Spectre, quelqu’un vient !

Vanina Celesti sort sa tête du mur. Elle avait bien entendu. Le fada avec ses cheveux en arrière, à force de hurler a rameuté tout le monde. Et là, il y a des bruits de clés, et des éclats de voix, plein de voix, et l’une d’elles, pas moins en colère que les autres, elle la reconnaît, c’est celle de la commande Cellor. La clé est dans la serrure, ils vont rentrer. Le gros type s’est levé et arrive vers elle avec ses bras écartés, Sainte-Vierge, Sainte-Vierge, elle ne sait plus quoi faire, elle va tuer tout le monde, non non non, vite. Elle saute à travers le mur. Et se retrouve en face de MDK qui la regarde avec des billes effarées. Vani, Vani, vani, fais quelque chose, à côté, la police est rentrée en force, et ça réprimande, et ça donne de la voix, et ça se bouscule, alors elle monte en vrille et traverse le plafond, mais elle est perdue, elle est à l’accueil, derrière le guichet de l’accueil, avec un type menotté à un plot de béton qui la regarde avec une tête de cartoon, alors elle se laisse retomber dans le sol, et là, elle ne lutte plus. Elle regarde ses chaussures et tâche de respirer, de seulement respirer, de ne pas pleurer.

Jean-Georges Rodriguez s’approche d’elle et à voix basse lui demande :

– Spectre ? Spectre, c’est vous ?

Elle fait non de la tête, sans le regarder.

Perspectives

Si je publie le volume 1 de « Par la racine » en septembre, je devrais publier le volume 2 en décembre, parce que trois mois ça me paraît être le temps minimum pour qu’un livre puisse exister un peu avant de l’ensevelir avec le suivant. Et donc, dans cette même logique, le volume 3 serait disponible en mars 2023.

Il se trouve que je mets également 3 mois pour pondre un de mes romans de gares, en sorte que quand sortira ma première publication j’aurais mis la dernière main à la rédaction de mon neuvième volume. Et que je vais avoir ce coussin de huit livres d’avance qui va être reconduit d’une publication à l’autre, et qui risque de s’aggraver si, comme j’en ai le projet, je fais recueil des nouvelles et textes courts que je commets à heure perdue.

Avec ce confort-là, je me pose la question de comment gérer les parutions des autres polyptyques après « par la racine ». Le volume que j’écris en ce moment est la piètre aventure qui suit directement « Vanina ah ah » écrite en août dernier, et que je publie en feuilleton dominical ici même. C’est un volume 2 et je ne sais pas actuellement exclure qu’il y ait un volume 3 à prévoir. J’ai bien peur qu’il me faille tout ça, et j’ai déjà le titre. Normalement, si je suis l’ordre de rédaction, « Vanina Ah ah » devrait paraître en septembre 2023, et à cette date-là, le volume 2 sera évidemment acquis (il va bon train), et si volume 3 il y a, et si je maintiens mon rythme de ponte, il sera prêt aussi.

Dès lors est-ce que je les publie les trois à la suite avec un intervalle de trois mois, ou est-ce que comme je le sens, ce n’est pas une si mauvaise idée de laisser toute une année entre deux tomes d’une même série ?

En ce cas, on aurait :

Septembre 2022 : par la racine volume 1 : la poursuite de la femme au chapeau à plume *

Décembre 2022 : par la racine volume 2 : l’homme à la chemise verte *

Mars 2023 : par la racine volume 3 : Terre d’oiseaux *

Juin 2023 : spin off 1 : La vie en rose *

Septembre 2023 : étrange volume 1 : Vanina Ah ah **

Décembre 2023 : sales Romances et autres textes courts et nouvelles *

Mars 2024 : La part du feu volume 1 : Où la lune va *

Juin 2024 : Cucurucucu ***

Septembre 2024 : étrange volume 2 : Sucre bébé amour **

Décembre 2024 : ?

Mars 2025 : La part du feu volume 2 : marché noir *

Juin 2025 :

Septembre 2025 : étrange volume 3 : reine dansante

Et avec tout ça, la seule question qui vaut d’être posée, c’est : verrai-je jamais septembre 2025 ?

* : Univers de Gaby Kotska

** : Univers de Vanina Celesti

*** : Univers noir foncé

Projet de fiche personnage : Annabelle Kowitz dite Nana

Nana est la fille d’Amos Kowitz, le personnage principal de toute la trilogie « Par la Racine » (à paraître). Elle apparaît dès le volume 1, ou elle est présentée comme intermittente du spectacle, plutôt que comédienne qui est son vrai métier, et alors qu’elle a acquis une vraie notoriété en ayant incarné à l’écran Cerise de chez Groupama pendant assez d’années pour que les gens la reconnaissent dans la rue. Dans le volume 1, elle est décrite par son père comme une séductrice naturelle et libertaire, comme une épicurienne insatiable, ce qu’elle démontre en séduisant dès le chapitre 6 la serveuse en toile de fond qui livre les verres de limonade : Gaby. On la retrouve un quinzaine d’années plus tard dans « la vie en rose » (à paraître) jouant à Paris La Mathilde Serpenoise de B.M. Koltès pendant que sa Gaby enquête à Villeurbanne. Enfin sa présence tient plus du filigrane dans « Où la lune va » (à paraître).

Son Karma : droite comme la justice, un poil autoritaire, vaillante, jolie, très moqueuse

Mes vieux cons adorés

Commencé lundi une lecture lente et tatillonne de mon tout premier volume en vue de sa publication en septembre. C’est accablant, il reste des fautes. Et pas qu’un peu. Alors que ce n’est pas du tout ce que je redoutais le plus. Mais ce que je redoutais le plus m’a sauté à la gueule aussi, mais heureusement pas autant que ce que j’avais anticipé.

Comme, dans sa genèse, c’est une nouvelle qui a enflé en roman de 300 pages, puis en trilogie, je m’attendais à avoir beaucoup à redire sur son entrée en matière qui est ni plus ni moins que la nouvelle originelle. C’est vrai que depuis, j’ai pondu 6 autres volumes, et que j’ai appris à être très vite dans le vif de mon sujet. Là, le vif du sujet, je ne suis pas près d’y être parce que tout commence à la page 136. Et j’en suis loin.

Mais autant le long, très long, très très long, chapitre 1 pose bien, très bien, très très bien, l’ambiance, et même les enjeux dont au moment où je l’écris je n’ai pas la moindre idée, autant le chapitre 2 commence à boiter parfois de ne pas savoir où il va. Je sais que le chapitre 3 qui m’attend est un chapitre gratuit, très court et que je ne le retoucherai pas, mais j’espère que je n’aurai pas trop à réécrire d’ici à ce que l’intrigue éclate enfin. Parce qu’ensuite je vois ce qu’il se passe, et je sais que ça roule.

J’ai cinq mois devant moi, ça devrait le faire. Et dans le chapitre 1, il y a une scène de deux pages, où un cheval est éventré et se vide tout debout de son sang, et qui anticipe tout le reste.

Ça n’a pas si mal vieilli en somme. Et au pire j’aime assez ma bande de vieux cons.