“Mère” est un robot de la firme Humabionic qui embarque en mémoire celle de la mère de Joseph Ariel, ainsi qu’elle a pu être chiffrée depuis son journal filmé, les témoignages de ses proches et ses données de navigation internet. Chez Humabionic c’est modèle d’entrée de gamme, parce que Joseph au moment de l’achat, quand bien même c’était la fin du monde, n’avait que peu de moyen. D’ailleurs c’est le modèle d’exposition, celui qui était en vitrine de magasin, ce qui explique que sa carrosserie est un peu rayé. Le Design de Mère est au surcroit une édition spéciale, limitée, parue pour commémorer les cinquante ans du tout premier film “la guerre des étoiles”. Mère est une copie de R2D2 optimisée pour la cuisine et la conversation.

Comme tous les robots et IA de cette époque, Mère dispose d’une fonction de cognition assez performante qui lui permet de s’adapter au nouvelles données, et de sophistiquer le caractère dont elle est munie en réglage d’usine. ça donne lieu à des incompréhensions quant à des fâcheries où des engouements qu’elle développe elle-même. Mais rien de réellement déconnant. Mère, si on peut prêter un tempérament à une machine, est “du sud” comme l’humaine décédée qu’elle émule, autant dire qu’elle ne surprend personne à arborer son petit caractère. Dans cette première année, contre toute attente, elle est peut-être la seule à avoir quelque chose qui ressemble de près à un destin.

Son Karma : le bug, passionnément.

Maintenant que le feuilleton des sublunaires est lancé, je peux dévoiler la fiche technique, la vue éclatée, de mon personnage principal.

Joseph Ariel, dit Joz, est un quadra fatigué et flasque, et qui est dépassé par les évènements même quand il n’arrive rien. En sorte qu’une catastrophe, une quasi fin du monde par exemple, le laissera au mieux perplexe. Mais pas au point de le sortir de sa zone de confort. Il est inquiet et dépassé de nature, et pour lui, il considère qu’avec ça il fait sa part. Il pourrait être le mécano de la générale, le stoïcisme en moins, mais il n’est pas à la hauteur d’endosser un destin, sinon passagèrement celui qui passe.

Sa force c’est qu’il n’en a pas, et qu’il n’a pas d’ambition. Il est largué. En conséquence, il s’embarque dans tout, sans résister, en clandestin, mais même ça, ce n’est pas sûr. Ses amis ne savent rien faire de lui qu’en avoir l’usage en se demandant autant que lui quand est-ce que ça commence au juste l’existence de ce type. Et il n’est pas sûr que la réponse à cette question se trouve dans les sublunaires.

Son Karma : bois flotté, feuille morte, ambulant, saumon, affectif en roue libre, anti-Antigone.