Archives mensuelles : décembre 2022

Cliffhanger

Relu à toute berzingue le tome 2 de la trilogie “la part du feu”, le dernier volume écrit, pour avoir un aperçu des corrections de fond qu’il va falloir opérer avant la publication. Ça va très vite par rapport à la trilogie déjà parue (Par la racine) et pas seulement parce que les personnages sont censés se dispenser de présentations : ce sont les mêmes d’une trilogie à l’autre,  plus de dix ans plus tard. Ça joue bien sûr, mais ce qui joue plus c’est que, je pense, je me suis un peu amélioré comme bricoleur d’histoires qui font rire et qui font peur.

Le cas particulier de ce tome-là, c’est sa fin.  Les deux premiers volumes de la trilogie “Par la racine”, et les deux volumes déjà écrits d’une autre trilogie en cours, “des précipités”, dont le premier, “Vanina Ah Ah” est à paraître en juin 2023, s’achèvent sur des situations apaisées. Tout n’y est pas résolu, mais les choses en suspens sont d’une urgence dispensable et tellement moindre par rapport à ce que les personnages ont arraché en fait de résolution, qu’on les quitte dans une paix relative.

La fin du volume que je viens de relire, “d’élégantes personnes” donc, est une mare de sang et tous les voyants sont au rouge. Ce qu’on appelle un Cliffhanger, un “cintre de falaise” pour le dire en français. Et c’est pour me déplaire, parce que maintenant c’est sûr, il va falloir un volume pour nettoyer et éteindre à grandes eaux l’incendie où j’ai abandonné mes ouailles adorées. Comme si j’avais besoin de pression…

Le positif de cette relecture là, c’est que Gaby Kotska, comme personnage, c’est vraiment un chausson, une bicyclette, un petit vent dans le dos. Best friend ever.

Chérubins (2025)

Extrait du recueil “Sales romances, et autres nouvelles, brèves et textes courts”, à paraître en mars 2023.

Hier c’était la Saint-Valentin, mais comme on avait raté la Chandeleur, on a fait des crêpes. Frida m’a offert une bague de serrage de plomberie dans un bel écrin (une boîte à savonnette), avec un genou à terre et tout le cérémonial outré, mais il était trop grand pour mon annulaire ; alors je l’ai porté à mon pouce pendant tout le repas et ça a été une bonne petite galère de manger avec ça . On a dormi ensemble, et ce n’est pas souvent. Frida a un rapport compliqué avec le sommeil. Le sien et celui des autres. Elle parle, elle engueule, elle hurle, elle pleure quand elle dort, elle met souvent des coups de pied et des gifles. Enfin, elle existe en heures creuses. Dans la nuit d’hier, aujourd’hui s’entama sûrement sur son rire. Je dormais, elle riait. Et elle dormait aussi. C’était tellement incroyablement rare, tellement beau, elle est tellement incroyablement belle quand elle rit, j’ai éclaté de rire. Et ça l’a réveillée et du coup on a eu un fou rire, comme ça, pour rien. Et puis on s’est rendu compte que c’était une heure où on pouvait avoir envie de faire pipi. Même un tout petit peu, c’est dommage de ne pas en profiter quand on est debout et qu’on a encore des heures à dormir. Alors on a organisé une espèce de queue devant la porte des toilettes, je l’ai laissée passer puis elle m’a attendu, on est allé se recoucher en riant ensemble et on s’est rendormi dans des hoquets encore. C’est un des plus beaux moments de ma vie.

Histoire d’histoires d’eau

Relu très vite ma tentative de “roman blanc” de cet été. Il est raté, ce n’est pas une révélation. Mais il n’est pas perdu. Il faudrait que je me trouve le temps de revoir, et d’écrire vraiment, ce qu’il a en trop et ce qui lui manque. Par contre, il n’y a rien que je vais pouvoir corriger qui en fera un “roman blanc”. En aucun cas. Ce n’est pas tout à fait un roman noir non plus, mais il est marqué par le fait divers ; par le genre.

C’était donc une fausse route.