Archives de catégorie : Souvenirs de la Galerie OuJoPo

Déclaration d’intention, juin 2011

Si la vie était réussie, l’art serait la vie elle-même – Jean-Jacques Rousseau

La galerie l’Oujopo est née en juin 2011 sous les très judicieusement joyeux auspices d’une exposition de Laurent Gorris que je ne remercierai jamais assez d’avoir essuyé les plâtres avec simplicité et talent – l’une et l’autre qualités me semblant de plus en plus consubstantielles, mais à l’époque j’étais à des années-lumière d’un tel constat ; j’ai beaucoup appris depuis, en me trompant notamment souvent. Tant mieux.

Excentrée (les deux hectomètres qui la séparent des Brotteaux suffisent à ce que ce ne soit plus les Brotteaux comme «humeur». Tant mieux aussi) mais accessible en transport en commun, et «garable» en voiture, la galerie se situe juste en face de la croix rouge et de l’hôpital des Charmettes : 97m² au sol sur le papier, et effectivement 80m² dédiés aux expositions et répartis en trois surfaces et deux étages où la lumière donne à plein rendement.

Loin des circuits où les esthètes lyonnais vont boire donc, mais j’avais besoin de place, et dans le quartier d’Ainay ou sur les pentes je n’aurais eu les moyens que d’une galerie de poche et aurais dû renoncer à mon autre activité : l’encadrement (parce que pour être complémentaires les deux activités sont quasi impossibles à faire coexister dans un même lieu, surtout s’il est petit). Et puis elle a une vraie bonne gueule ma galerie.

Ma programmation est en chantier et le restera probablement tant que je durerai. Les plasticiens que j’approche et ceux qui sont déjà chez eux chez moi ont la particularité, soit d’être réfractaires à tout effort de taxonomie, soit d’être indûment subsumés à une ligne, à une école comme espèce, dont à mon sens ils éclatent les contours, et in fine les coutures. Tant mieux encore, je n’ai pas l’ambition de me faire un créneau sur la légende d’une expertise stylistique. Je veux juste que ce soit fort et singulier. Déjà parce que les expos, c’est moi d’abord qui vis dedans.

Mon ambition, c’est de travailler longtemps avec, et pour quand il le faudra, des artistes que j’admire et dont j’espère mériter la confiance, mais aussi de rester ouvert ne serait-ce qu’en réservant des cases vides dans ma programmation, pour des «premières fois», des expos collectives, des cartes blanches… L’esprit qui m’anime se dispensait a priori, et se dispense encore plus a posteriori, de ménager de la place à des emmerdeurs, des Greta Garbo, et d’une manière générale à tous ceux qui se sentiraient d’avance fondés à tirer la couverture à eux.

Mais en vrai, ma seule ambition c’est de durer, et je ne m’en prévois pas d’autres d’ici à lurette.