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Envie

Retrouvez la “chanson” sur Soundcloud : https://soundcloud.com/sojac/envie

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Tanneuse

Tanneuse

Ce que dit la tanneuse en tannant, mon échine
L’entend. Elle souffle au fond de mes cervicales
Les menaces de plus ; elle entasse un cheval,
Puis un autre – un par jour – et attend que j’opine

Comme ils piaffent d’impatience. Et c’est leur haleine
Qui me sort des narines, et c’est leur sueur
Que j’écoule par les yeux. De la pesanteur
A la grâce il y aurait un sourire à peine,

Le temps de dire ouf. Je suis fatigué, Madame,
Fatigué. Longtemps que je n’ai pas vu la mer ;
Et que je ne vois que vous. Longtemps que je perds

De ma peau ; quand je ne peux jouer que mon âme ;
Quand elle est si belle la fille qui m’attend ;
Quand il ne peut rien m’arriver qu’un accident.

Traits

Traits

J’ai pris la trace d’une vieille Peugeot bleue,

d’un rehausseur aussi sur la banquette arrière ;

j’ai pris ce que j’ai pu de la nuit ; je la serre

dans le filet vidé de mon réseau nerveux.

Je ne dors plus, j’attends, avec une maison

ratatinée dans le ventre, et dans la main

séchée, un trou séché ; c’est un petit écrin

pour l’air qui nous sépare, et dont je tiens au fond

une rondelle changeante si j’ai le geste

qui veut que tu attendes. J’ai fait une veste

avec la peau des lapins, ceux que je tirais

naguère de mon chapeau claque ; mais il fait froid

maintenant. J’ai froid. J’ai fait le bout de mes doigts

pour ta tempe et j’ai tiré un trait sur mes traits.

Éperdu

Éperdu

Éperdu, ce mot là a été façonné
pour contrarier le verbe perdre, car en somme
rien n’est perdu et tout semble s’y dévider
indéfiniment – de la bobine économe

du verbe, j’entends. Il faudrait mourir un peu,
une mort légère et brève comme par exemple
s’ouvrir la poitrine en deux (si c’est là le temple),
s’arracher les côtes, s’y enfoncer un pieu,

mais un instant ; pas plus, et sans effort surtout :
une certaine passivité trouvera
à s’assortir à cette espèce de grand flou

tremblé : un désespoir sans objet implorable,
et sans silence-étalon ; on fait un peu ça
quand on craque ses phalanges sous une table.

Ça y est

Ça y est

Ça y est, plus de givre aux vitres, ça y est
au bout de l’index rien, pas de trace, rien,
que l’air, et encore sous des doigts aériens,
des griffures réciproques. Et toi désormais,

toi aussi digitale, toi aussi du vent
dans des idées de feuillages secs, et encore…
J’ai mangé la forêt, je crois. La nuit tu dors
derrière tous les murs et je suis transparent.

La nuit s’il le faut je me tords, et s’il le faut
je te tue, je t’étouffe et je sue l’albédo
de la lune s’il le faut. Ah ! Bordel ! Bordel,

encore un effort ! Encore un peu les ruelles
et les ombres portées droit devant, et les ombres
et tes yeux partout , ton regard noir où je sombre.

Muette

Muette

Elle est muette, parfois, oui, on peut la voir
signer un peu du vent comme une manche à air,
et pour la vie qu’on lui a faite, l’entonnoir
à mélopées, et sinon rien. Dans une serre,

où elle se fait pousser, et une figure,
et les regrets d’un champ – des envies à maudire
(oui, mais quelle orchidée n’a tenté l’aventure
de l’imitation sans avoir à circonscrire

les assauts de ces tout petits papillons or ?),
dans cette serre, elle parle à quelqu’un qui dort
sans respirer ; qui lui ressemble trait pour

trait, d’ailleurs elle parle comme à une sœur
jumelle, qui en tout la devance d’une heure,
depuis toujours. Et qui se tait depuis toujours.

Outre

Outre

Dans un somnambulisme agité, tributaire
d’une humeur très «bouleversable», dans l’alcool,
dans quelqu’un qui rampe, qui enroule ses nerfs
sur son doigt pour la bobine à la camisole

d’éther, dans la croix toute à la main du falot
marionnettiste, dans la générale en costume
du non-lieu, dans la serpillère saturée d’eau
sale, dans les kystes du sommeil, dans l’écume

séchée au coin des lèvres, dans les murs à fond,
les traînées d’ongles, les Q.H.S., les ronds
de chapeau, dans l’étranglement du sablier,

cet entre deux seringues collées bout à bout,
soudées, dans le long frottement du tour d’écrou
dans le cœur, mais il faut passer outre, passer.

Sans reste

Sans reste

Je ne sais plus où tu es, c’est à peine si
j’ai su. Comme dit Big Jim, Ken ne bande plus.
Ken s’emmerde et boit sa soif sans reste, à demi-
-bu lui-même, à moitié nu ou alors le cul

sans reste dans un linceul – il ne faudrait pas
que tu le saches, il ne faudrait quasiment rien
pourtant pour que tu le saches – laissons cela :
il faut garder des réserves aux lendemains

qui n’auraient d’indigne qu’eux-mêmes – c’est tentant
de se rêver ailleurs, et au parti d’en rire,
la nuit aussi. Je te regarde comme un flanc

d’organes et de blablas dans un moule à tarte
de regrets, qui déborde. Regarde toi jouir,
il faut que tu te reprennes, il faut que je parte.