Au dépôt
Le bon moment du dépôt, c’est l’entre midi
et trois, quand quasi tous les chauffeurs sont sortis
et que le soleil a trouvé parmi les tôles
du toit, les plexis dégueulasses et s’y enrôle
en bâtisseur de tours en poussière ondulée.
Ça sent le diesel un peu, ou l’huile mêlée
aux odeurs du sale universel et du vieux
fond de plastique et de mousse écrasée – un feu
ferait une fumée noire et vitrifierait
sans doute l’envie de s’adosser à un mur :
des camions blancs numérotés et la morsure,
qui rend du jus à leur usage, d’un regret :
ce que cette vie là doit aux choses, et ne tient
que d’elles de n’avoir su qu’échapper à rien.