Samedi dernier, je me suis mis en roue libre pour faire état de mon admiration un peu béate et niaise devant la multiplication ces temps des films à secrets, ficelés comme des calendriers de l’avent, ou des casse-têtes à blanc. Cette semaine, je vais faire état du penchant béat et niais inverse, non pas pour compenser, juste parce que je suis moi aussi un adepte du en même temps. Et que moi aussi je mise beaucoup sur votre mémoire de poisson rouge. En vrai, je n’aime rien tant que les romans noirs et les films noirs sans esbroufe et sans effet. Juste une intrigue, un élément, des personnages, une voix. Paul Haggis nous livre dans “Dans la vallée d’Elah” une manière de démonstration en ne prétendant rien démontrer. En ne prétendant que raconter le plus justement possible l’histoire d’un jeune militaire américain, à peine rentré de sa première mission en Irak, qui disparaît. Son corps démembré est retrouvé sur un bout de terre que la police de la juridiction du nouveau Mexique peut revendiquer comme relevant de sa compétence face à la police militaire. Mais il faudra faire avec l’inertie et le culte du secret, du linge sale en famille de ceusses de l’armée. Le père de la victime, ancien MP lui-même, va débouler là comme un chien dans un jeu de quille et…
Et on a juste une investigation butée et mue par le plus grand des désespoirs, un contournement des inerties et des silences, et une résolution qui ne soulage rien, tout au contraire. La mise en scène saisit simplement les moments de cette triste histoire, sans afféterie, filme un coin de pays, un microcosme, et trois personnes qui douillent au premier plan. Le gars qui ouvre la porte, la dame qui sert les chicken wings, l’autre dame qui traverse l’écran là-bas tout au fond, tout le monde joue juste ; et puis alors la détresse du couple Susan Sarendon / Tommy Lee Jones… ça fait presque mal au ventre. Quels acteurs. Et pareil pour cette dame dont je ne sais pas prononcer le nom, moi je dis Charlize Théron, et que je n’avais vu qu’en méchante reine ou bagarreuse d’élite dans des films à pan pan. Moi je dis bravo.
“Dans la vallée d’Elah” de Paul Haggis. Beau polar sombre.
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La vidéo dure 4 minutes dont, à la toute fin 2 minute de fond noir muet – erreur de finalisation dans mon banc de montage. J’ai laissé traîner des séquences de la bande annonce et la finalisation les a intégrées comme ça. Sorry