Traits
J’ai pris la trace d’une vieille Peugeot bleue,
d’un rehausseur aussi sur la banquette arrière ;
j’ai pris ce que j’ai pu de la nuit ; je la serre
dans le filet vidé de mon réseau nerveux.
Je ne dors plus, j’attends, avec une maison
ratatinée dans le ventre, et dans la main
séchée, un trou séché ; c’est un petit écrin
pour l’air qui nous sépare, et dont je tiens au fond
une rondelle changeante si j’ai le geste
qui veut que tu attendes. J’ai fait une veste
avec la peau des lapins, ceux que je tirais
naguère de mon chapeau claque ; mais il fait froid
maintenant. J’ai froid. J’ai fait le bout de mes doigts
pour ta tempe et j’ai tiré un trait sur mes traits.