Tanneuse
Ce que dit la tanneuse en tannant, mon échine
L’entend. Elle souffle au fond de mes cervicales
Les menaces de plus ; elle entasse un cheval,
Puis un autre – un par jour – et attend que j’opine
Comme ils piaffent d’impatience. Et c’est leur haleine
Qui me sort des narines, et c’est leur sueur
Que j’écoule par les yeux. De la pesanteur
A la grâce il y aurait un sourire à peine,
Le temps de dire ouf. Je suis fatigué, Madame,
Fatigué. Longtemps que je n’ai pas vu la mer ;
Et que je ne vois que vous. Longtemps que je perds
De ma peau ; quand je ne peux jouer que mon âme ;
Quand elle est si belle la fille qui m’attend ;
Quand il ne peut rien m’arriver qu’un accident.