Cet Oujoporama hors-série, remplace in extremis celui qui était conçu pour annoncer la parution d’un petit polar sanglant intitulé “Jaune” et que j’ai décidé de garder dans mon tiroir-purgatoire jusqu’à nouvel ordre. NH=SOJ est donc une vidéo un peu dérivante, expérimentale, en pente douce, détournement d’un texte ancien, un texte de tiroir, que j’ai caviardé sans vergogne et qui aurait probablement mérité que je le retravaille un peu mieux. Mais en l’état, et en la circonstance, il me va. Et me donne même l’idée d’insister à l’avenir dans la manière qu’il augure.
Bon visionnage.
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Déjà paru
Juin 2022 – Par la racine tome 1 – La poursuite de la femme au chapeau plume
Septembre 2022 – Par la racine tome 2 – L’homme à la chemise verte
Décembre 2022 – Par la racine tome 3 – Terre d’oiseaux
Mars 2023 – Spin-off 1 – Sales Romances
Juin 2023 – Étrange tome 1 – Vanina Ah Ah
Septembre 2023 – Spin-off 2 – La vie en rose
Décembre 2023 : La part du feu tome 1 – Où la lune va
À paraître
Juin 2024 – Étrange tome 2 – Sucre bébé amour
Quand j’ai quitté l’embarcadère, la nuit a rempli le ciel par en dessous, comme l’eau dans un aquarium, comme la perdition dans le regard de celle-là qui est devenue l’asile d’un brouhaha – Les vivants et les morts prennent sa bouche et lui tirent toute sa tête en arrière, sa figure centrifugée et le débris de sa nuque. Il y a eu des trombes d’eau calme et noire qui ont recouvert les bosquets, les bancs sur les aires de pique-nique, l’aire de lancée du javelot. Et toutes les terrasses. Et aussi bien ça aurait pu être encore ce mois d’août, et il ne se serait rien passé d’autre depuis, que cette nuit liquide et mate. Je n’ai plus pensé qu’à ça et j’en ai parlé aux murets de pierres, à mon chien mort, à mes mains : je me suis senti soluble en montant sur la colline.
Et c’est dommage, parce qu’il y a de quoi cheminer ; même si c’est juste une espèce de ville neuve, mais vieille et moche, qui dégouline à l’envers, lente comme une géologie, de la mer sur le flanc d’une colline un peu raide – et toutes les rues sont tirées de traviole comme par capillarité ; travailles en bas, dors en haut, comme tout le monde, et ce qu’on voit de la mer c’est un golf, et ce qu’on en sait dévoue à cette mesquinerie : la plaisance à moteur.
Mais j’y suis ; étrangement ailleurs, dédié au tangage dans lequel j’ai dormi depuis trois nuits, pas sorti du trajet, pas posé, pas anxieux, pulvérisé dans une neurologie éprise de persistance rétinienne.
Le vivant fait des feuilles à son degré 0.
Le séjour sera transparent, fade de ce que je n’en prévois que de la colère froide et sèche, des crampes à la mâchoire – je conçois, un peu, et vaguement, qu’une bruxomanie rigoureuse se soumet plus onctueusement le corps que mille baisers ; et c’est important l’onctuosité pour un traitement à la pelle. Il est possible aussi que je me sois composé le visage d’un mort, autant que l’impression qu’il n’y aura rien derrière. Il faudrait que j’aille hurler contre la mer. Mais j’ai des sursauts à la place, des désespoirs furtifs, des solidarités rapides avec des missiles sol/sol, des micro-monotypes de Rorschach dans les joints du carrelage. C’est un vrai soulagement, la colère est déjà bien trop une bonde vorace qui dé-noie trop tard un bébé mort. Les noyés sous l’eau, les vivants en vivier, pas de vague, pas de vague, pas de vague…
Mais si la nuit re-tombait vraiment, il y aurait l’inénarrable comique, le trompe-l’œil d’une petite ville sérieuse qui croit qu’elle dort, le picaresque des gyrophares de police, des camions poubelles, des ombres dans l’ombre, du soupirail aperçu, des filles du marché-gare, des garçons sur les quais. L’insomnie sépare l’anodin de la masse quand en plein jour celle-ci se présuppose à elle-même jusque dans la jeune femme qui se jette d’un pont dans le canal sud.
quelle passion de la stupidité de la fatigue contemptrice contondante charcuterie désinvolte et moelleuse qui fait des songe-creux à l’os qui ose tout pourvu qu’aucun acide ne s’en puisse aminer [qu’est-ce que tu fous là-dedans que ne te fais-tu pas plutôt une gangue de lettres au couteau un cunéiforme caressant et emprunté un amidon de sang sur le tablier de l’équarrisseur] j’aimerais t’entendre chuchoter comme la paille quand déjà tes lèvres seront à gercer j’aimerais ramper vers toi et que tu rampes aussi dans le noir et que nous ne nous levions plus sinon dans le goût de de nos salives et des adieux à extirper à la langue lointaine de tes entrailles