Ce que j’aime, entre autres, dans ma vie d’auteur de roman de gare, dans ma vie de lecteur, c’est que je n’ai pas besoin de grand chose pour être à la tâche, un livre, un cahier, un notebook minimal qui ne fait tourner que Word, toutes choses que je peux trimbaler partout où je suis, une vie sans file ou tout comme en somme. Ma lubie de me recolleter à la chansonnette me remet une longe au cou parce que me revoilà tributaire de plein d’engins complexes à relier les uns avec les autres, à commencer par cet engin-là, qui est celui de la pratique et du plaisir à la pratique, mais qui est aussi un sacré fil à la patte. Qu’est-ce qu’il faut comme place, qu’est-ce qu’il faut maitriser et relier en amont et en aval de petites usines à gaz, pour recueillir au bout du bout un mince filet de musique. Une petite rengaine.
Bon alors j’y suis j’y suis, et j’y suis bien même. Ça rajoute au pied de micro, au pied de support du prompteur, aux parapluies de lumières, au stand de guitare, un pupitre pour les tablatures, et c’est vrais que mon salon commence à ressembler à une forêt, et que sous peu il faudra que je m’y fraie un chemin au coupe-coupe, et c’est vrai aussi que j’ai la main gauche qui est toute gauchie de courbatures, mais au moins c’est une activité qui rend visible ma passion de l’exercice. Punaise, je crois que j’aurais passé ma vie à m’exercer.