Cherchant toujours un format court pertinent pour les besoins de cette chaîne, et un usage honorable de mes montagnes de notes, j’ai relu un fichier contenant les élucubrations que j’avais commises à l’époque lointaine où je tenais un faux blog rose qui s’appelait Glloq. ça a un bon peu vieilli, enfin moi, mais comme j’ai soufflé du nez de temps en temps, je vous en livre un extrait choisi, qui vous fera peut-être souffler du nez aussi. C’est important de souffler du nez. Je précise qu’à l’époque je vivais bel et bien avec deux chiens. Dont un qui m’a accompagné 19 ans. L’autre était de moins bonne qualité quoi que de marque allemande. Comme quoi, les réputations, hein. Cet extrait est pour eux deux avec mon affection et ma reconnaissance ni plus moins qu’éternelle.
Ce soir, revue de paquetage des chiens, ils partent dimanche à la campagne : de quoi manger pour une semaine, trois couvertures propres, les colliers anti-KRR-KRR-KRR en cours de validité, la girafe qui fit coin-coin deux jours et une balle de tennis pour mon cadet, les trois tomes de l’œuvre complète de Rantanplan dans la Pléiade que l’aînée relit en ce moment (à l’échelle du chien elle est plus vieille que moi. Le fait qu’elle commence à “relire” en est le signe le plus… le plus rien, c’est le seul signe de sa maturité, pour le reste elle demeure juvénilement crétine. Mais je m’égare). Au surcroît pour le plus jeune, mon idiot adoré, 300 francs d’argent de poche, de la crème solaire indice maxi pour la peau de ses couilles roses, des lunettes de soleil avec leur harnais rigide à clipper sur son poitrail, sa bouée Snoopy, un tam-tam pour biper son papa, et enfin des faux os à ronger deux-en-un : 1°/ Apport de gardol et de fluor pour ses dents. 2°/ microdose d’antidépresseur pour ses moments de désespoir. Avec ce merdier je n’ai plus de valise pour moi – j’en ai sûrement, mais chez un garde-meuble quelque part, et je vais devoir aller à la rencontre de l’amour avec mon cabas pour les courses. Du coup je suis d’humeur hybride, mi-aventurier intrépide / mi-mémère, je me sens à même d’ouvrir des voies à la machette juste pour aller marmonner qu’on a beau temps pour la saison, mais que ça fait longtemps qu’on n’avait pas eu autant de moustiques, ma bonne dame. J’ai acheté chez un marchand de conneries (tout à 1 franc) un lot de stylos-bille, des colliers en plastique, des petits miroirs, des photos de Sainte Lady Di, pour m’attirer les faveurs des autochtones + un appareil photo jetable pour le cas où j’aurais l’obligation de faire un cadeau somptueux à leur chef. Je suis assez au point, je suis un baroudeur. Sinon, globalement, je m’emmerde, mais je me donne du mal : je ne voudrais pas languir ni trépigner, donc je me suis bricolé un environnement gris. J’écoute Ligeti, c’est dire.