Retour à nos Zaporogues, je vous avais dit que ce serait en trois parties. Aujourd’hui, deuxièmement, les cosaques Zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, bien fameuse peinture de Ilia Répine. Pour les données objectives c’est une toile de 2×3,5m qui est conservée et exposée au Musée russe de Saint-Pétersbourg. l’artiste aura mis près de douze ans à l’achever de 1880 à 1891, multipliant les croquis, les repeints et les repentis, faisant poser amis et inconnus croisés sur les routes, pour atteindre au final à la spontanéité qui semble être l’énergie même de la composition. On retrouve parmi les Zaporogues hilares aussi bien des figures imaginaires tels le Tarass Boulba de Gogol, et ses deux fils que le chef militaire cosaque et héros national Ivan Sirko, on retrouve surtout la fierté paillarde et les fanfaronnades rigolardes des bonhommes entre eux, l’esprit de corps et le Saint-Esprit des vestiaires. On découvre enfin tous les caractères possibles du rire et de la raillerie, de la gorge déployée à l’étouffée dans son poing, en passant par le sourire sarcastique. D’évidence ces messieurs passent un bon moment dans la surenchère et l’escalade à leur propre colonne d’air chaud. Vous peut-être, mais moi je ne connais d’oeuvre équivalente à celle-ci, d’oeuvre plastique j’entends qui communique comme par contagion l’envie d’un rire gras, énaurme. Je pense à des scènes de Garcia Marques, à Gogol aussi, mais de peintres je ne vois pas. Enfin comme ça je ne vois pas. Alors c’est peu dire que je suis aussi client de cette ambiance-là que baba d’admiration devant l’oeuvre. Je ferai un voyage en Russie. Pas juste pour ça. Mais pour ça aussi quand même.
Voilà c’était tout pour ce second volet, qui était dédié tout à mon droit inaliénable à exercer ma stupéfaction benoîte et replète. À la semaine prochaine.
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