Joël Dicker : La vérité sur l’affaire Harry Quebert

Il faut se faire une raison, je tourne mal. Que je sois sans les bons repères pour atteindre la moelle du propos et du fond de vrais stylistes, de vraies de vraies plumes, en matière de vraie de vraie littérature, comme ça m’arrive avec mon tactisme de concierge, ça passe. Je n’en suis pas fier, mais je n’ai ni de raison ni de compétence pour avoir des fiertés en ce domaine. Cela dit je me rends compte que j’en suis aussi à considérer comme semi-escroqueries des incontournables récents de la littérature de genre, d’authentiques best-sellers, des près de 5 étoiles sur des dizaines de milliers d’avis sur amazon-livre, la Fnac ou Babélio.

On est dans le roman de gare, donc je peux me laisser aller.

“La vérité sur l’affaire Harry Quebert” est un livre consternant. Comme grand succès littéraire bien sûr. Mais comme livre d’abord. C’est censé être un parangon du roman à tiroirs, à intrigue, à révélations, et dans les faits celui qui ne comprends pas dans le premier quart du livre que la môme assassinée retrouvée enterrée dans le jardin de l’auteur du roman du siècle est la vraie autrice du roman du siècle devrait peut-être lire d’autres romans à tiroirs, à intrigue, à révélations. Et simplement comparer.

Alors oui j’ai spoïlé, divulgaché, le fin fond de ce roman à tiroirs, à intrigue, à révélations. Mais on n’est pas entre jambons, là.

Je ne m’attarde pas sur le fait que c’est plus ou moins écrit avec le grand fessier (avec le cul ! avec le cul !) et que la révélation du pot au rose est expédiée au terme de 800 pages par un auteur au bout de sa vie et qui n’a jamais eu de souffle ; jamais ; et j’en viens à ce qui m’a remis dans le récit quand tout le reste m’en a sorti : la science. C’est important de comprendre comment, dans une fiction qui pose qu’elle met en présence de l’écrivain d’une décennie, l’écrivain de la décennie suivante, la personne morte qui a effectivement bâti la réputation de l’écrivain de la première décennie et influencé jusqu’à la dernière des débilités l’écrivain de la deuxième décennie, comment dans cette fiction les personnages peuvent être aussi simplemement bêtes. Il n’y en a pas un parmi les trois qui sache s’exprimer sinon par des poncifs, pas un qui ne soit cousu de fil blanc. Ils sont bêtes tous les trois. Mais bêtes bêtes bêtes. La gamine morte, qui n’est qu’un personnage-prétexte est presque la plus crédible, tellement les deux génies de la littérature sont niais. Mais niais… Niais !

Après, il s’avère tout du long que la gamine morte, la fameuse femme-fatale qui fait faire des choses tellement “fatales” aux pauvres “hommes” qu’elle côtoie, les pitchouloulous sans défense, tellement sensibles, tellement grand écrivains, il s’avère tout du long… qu’elle a quinze ans. Quinze ans. C’est un bébé. Et dans le roman, il n’y a pas un personnage que ça fait boiter. Pas un.      

Et j’ai cherché, pas un non plus sur des dizaines de milliers d’avis sur amazon-livre, la Fnac ou Babelio. Pas un non plus.  

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