Un tapuscrit de 200 pages dans la maison Seror, ça donne, en bout de chaîne, un livre de 280/300 pages. Je l’ai constaté dès le premier volume je n’ai jamais depuis adapté mon format de travail au format de sortie. Parce que j’ai mes repères. Et parmi ceux-là, la page 100 est le plus important. Quand je l’atteins, je suis à la moitié du travail de premier jet et ça veut dire que le vrai moment de bascule du récit est imminent. À chaque fois, le mot d’ordre c’est : « bon, il va falloir y songer ». J’ai les mots d’ordre que je peux.
Et c’est plein de sous-intrigues en instance, plein de fusils de Tchekhov accrochés à plein de murs, plein de tectoniques de plein de plaques, plein de personnages qui sont cuisinés pour donner du fumet et se fondre à la sauce, un plan très approximativement respecté, et il faut tout faire basculer vers un semblant de résolution. Boucler les boucles narratives s’il y a lieu, tuer qui doit mourir, rapprocher ceux qui s’aiment… et surtout ne pas foirer les trente pages à venir. Ne surtout pas les foirer.
J’en suis là des suites des aventures de La Spectre Noire et de MDK. Je les ai mis tous les deux dans une panade ontologique… mais ce n’est pas que de ma faute : la Spectre Noire n’attire pas les ennuis : au mieux, elle les cherche, au pire, elle les crée. Quoi qu’il en soit, devant eux, ils ont un trou noir qui ne va pas les engloutir. Mais qui va bien les mâcher. Et moi aussi avec eux.
Mais ils sont forts. Et quant à moi, je crois plus en eux qu’en moi.