L’Oujoporama N° 15 est un hors-série dédié à Raphaëlle Gonin
https://www.youtube.com/watch?v=wG7S9DYv9lY
Née en 1968 à Lyon Raphaëlle Gonin est dessinatrice, ou peintre, à l’encre de Chine, et si l’on devait l’affilier à un courant d’art récent, ce serait probablement celui de l’hyperréalisme, quand tout compte fait quant à elle, elle s’en tient à perpétuer et à tâcher de parfaire une facture simplement classique. Elle dessine et peint le motif pour ce qu’il est, et ne prétend pas vouloir qu’il soit autre. Prends le miroir pour maître, disait l’autre. Il y a moyen de remplir toute une vie avec ça.
Elle l’a dit elle-même, le noir n’est pas une humeur, il est l’élément. Elle peint avec le noir et le moins noir de l’encre de chine et de l’eau bien sûr, et, fiat lux, probablement dessine d’abord avec le blanc du papier. Et quand sporadiquement la couleur arrive, elle recule l’image dans le premier abord et dans le temps puisqu’elle semble tenir de la colorisation, du chromo. Elle ajoute une distance, un degré, au réalisme de la représentation. Elle tempère comme de nostalgie la rigueur de la stricte restitution.
Dans tous les cas, l’esprit a pénétré l’objet à portée de main, une boîte à couture, une rangée de livres, un sac à main ouvert, un distributeur de soda et de bombecs, comme on ferait d’un fétiche. Et il y a de la magie sorcière, de la prière, mais aussi du romanesque dans ses œuvres ; dans ses allées et ses montées d’escaliers de façon évidente, lieux de passage d’un bout de vie à l’autre, territoire du fortuit et du croisement. Mais dans les objets posés là aussi qu’elle ne saisit jamais dans quelque éternité immuable, mais toujours à un instant T volé à un continuum et réinjecté dans un autre, l’imagination qui passe. Il y a une pente naturelle à se refaire l’histoire, l’avant et l’après, le pendant d’une nature morte de Raphaëlle Gonin.
Nature morte en anglais ça se dit still life, c’est on ne peut plus approprié.