
La priorité que j’accorde au “genre” dans mes choix récents de lecture ne me dispose que par exception aux grandes émotions littéraires et à la fréquentation du beau et du sublime. Je ne m’en plains pas parce que je n’ai pas un palais très fin, et puis parce que j’ai toute de même droit à des merveilles stylistiques et des bijoux de concision chez quelques-uns des auteurs mal famé dont je me goinfre. Néanmoins de temps en temps il faut que je quitte mes sols, et en matières de vapeurs éthérées j’avais souvenir que Gracq m’avait durablement perché naguère. Et “un balcon en forêt” en ce sens est simplement stupéfiant. C’est d’une beauté sans retenue, échevelée, hors d’haleine. Un aspirant lieutenant est affecté au commandement d’une maison forte dans une forêt ardennaise alors que le grande guerre gronde au loin et se rapproche. Le livre décrit cette attente là et à la toute fin sa résolution. Tout est décrit, tout est passé à la métaphore, toute la forêt et tout l’hiver en sont languides de mots justes et de trouvailles, et n’y a plus une flaque d’eau anodine ni un ciel sans envolée. C’est beau, ça n’en finit pas d’être beau.
Je suis un mufle et je demande pardon à genoux, mais quel ennui, punaise, quel ennui.