Petit roman, vite avalé, qui est le tout premier de Stephen King, sauvé de la poubelle pour la postérité : Carrie. sa lecture n’est pas vampirisée par l’adaptation qu’en a faite Brian de Palma puisque la Carrie que décrit King n’est pas du tout du tout la gracile Sissy Spacek, et c’est même à se demander par quel sortilège le laideron épais du début du livre peut devenir la reine du bal juste avant la sanglante embardée finale. Mais ce livre là regorge de toutes sortes de magies, et la rouerie du jeune King n’est pas la moindre. Le récit emprunte plusieurs voix en plus de la narration romanesque simple, puisqu’il est entrecoupé d’extraits de livres fictifs relatant et tâchant d’expliquer les faits après coup, de coupures de presse, de minutes de procès et de souvenirs d’une des survivants, un peu à la manière de faire du Ellroy de la dernière trilogie (underworld USA), ou du “Dossier 51” de Gilles Perrault. Le procédé donne presque un peu trop de corps à un récit qui aurait peut-être gagné à être élagué autour de sa brutalité. Parce que King est déjà un tripier raffiné pour ce galop d’essai. J’ai nettement préféré ce livre ci à “fin de ronde” lu un peu plus tôt cette année, mais je crois que je ne suis pas encore tombé sur le Stephen King qui me fera aimer Stephen King. Je vais insister parce que ça reste très au-dessus de certains pensums à haute prétention littéraire que je me suis fadés ces temps. Très mauvais genre, très assumé, très maîtrisé, j’adore.
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