Denis Villeneuve : Prisoners

Post-it à retrouver dans l’Oujoporama #2

Si, à la longue, je me trouve bien de partager ici de temps en temps ma vision d’un film récent s’apparentant même à la mode de Bretagne à la famille bien permissive du cinéma de genre, comme je les collectionne parce qu’ils me nourrissent beaucoup, il y a de fortes chances que je sois amené à reparler, et pas qu’une fois du réalisateur Denis Villeneuve. Je sais qu’il a pu crisper certains esthètes avec son Dune et/ou son Blade runner 2043, mais moi c’est quelqu’un qui me troue presque à chacun de ses films depuis “incendie”. Prisoners est la narration toute crue de l’enlèvement en Pennsylvanie de deux fillettes dans la rue paisible où résident leurs familles, et de l’enquête policière qui s’ensuit pour les retrouver ainsi que de la radicale investigation parallèle d’un des deux pères. La tension du film tient à la violence brute des douleurs, peurs et réactions de tous les protagonistes qui vont loin dans les bas fonds de leurs âmes, au fait que le père qui a une longueur d’avance va se retrouver être celui qui paye le prix le plus fort, autant qu’à la mécanique complexe, cruellement raffiné du scénario où tout s’imbrique, fausses pistes et vrais dérapages et où presque chaque scène trouve finalement à s’éclairer à la lumière de chaque autre. C’est une horlogerie folle. Mais elle au moins, celle là, tout au bout, elle donne l’heure. quand je pense qu’il y en a qui se font des vapeurs avec la sophistication, et l’appétit pour le vide, des scénarios alambiqués de Christopher Nolan… Ici rien n’est pour l’esbroufe. Et puis comme souvent avec Villeneuve, comme toujours, ce n’est pas que c’est noir mais… disons que ça laisse peu de place aux sots babillages de l’optimisme. La fin est terrible, et laisse comme un acouphène à l’âme, mais ni plus ni moins que tout le film.

Evidemment le casting est fou, mais il est surtout follement investi : Viola Davis Terrence Howard, Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Maria Bello, et tous les autres sans exception. ça doit tenir à l’épaisseur des personnes/personnages qu’ils incarnent et à l’implication contagieuse de Villeneuve. Marrant d’ailleurs, ceux que j’ai cités à l’exception de la dernière ont tous été employés comme “gueule de comics” chez Marvel ou DC comics pour Viola Davis. Et avec une égale crédibilité.

Et puis il y a Melissa Leo…

Le film est basé sur un Scénario d’un certain Aaron Guzikowski, le texte a eu droit à une sortie en livre. Mais hélas pour moi pas en Français. J’aurais beaucoup à apprendre d’une telle lecture. Beaucoup beaucoup. Admiration sans équivoque et Émotion forte. « Elles n’ont pas pleuré, jusqu’à ce que je les quitte. »

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