Reçu mon exemplaire de « Cucurucucu » avec une belle erreur de marge perdue dans la couverture, qui montre que je ne suis pas paré au plan neuronal à gérer sans faille tous les postes de production d’un livre. Et que si je devais me lancer dans l’autoédition, ce serait laborieux en plus d’être laborieux.
En ce moment néanmoins, elle me tanne, cette idée. Parce que pour écouter les témoignages de ceux qui se sont lancés – et ceux qui parlent ont souvent assez de réussite et de clairvoyance, je suis le candidat-type à l’autoédition : j’écris en masse, suis parti sur un rythme de croisière de trois ou quatre livres par an ; sans écrire des sagas, j’ai une trilogie achevée, deux trilogies en cours, et de toute façon, je trimbale d’un volume à l’autre des personnages récurrents qui ont des fonctionnements de clan. L’auteur Amazon lambda, en somme.
La chose qui m’arrête, à part la possibilité de buter vite sur mes limites de compétence, c’est que j’aimerais bien qu’un professionnel de la profession devienne mon partenaire et investisse dans ma seule qualité de travail plutôt que dans ma faculté à être une bête de somme, comme moi j’ai pu faire du temps où j’ai été galeriste avec « mes » artistes. Je les ai choisis et je leur ai juste demandé d’être artiste, pendant que j’étais encadreur, communiquant, bateleur, accrocheur, vernisseur et livreur.
La chose qui pourrait me faire basculer c’est la conviction qu’aucun éditeur n’est en position de publier tout ce que sors. Il faudrait être raisonnable et laisser des histoires dans mes tiroirs. Mais moi je tiens à tout. D’ailleurs quand je vois mes volumes sur leur étagère, je sais que le prochain sera la suite de « Vanina ah ah », et que sa couverture sera donc turquoise, qu’ensuite ce sera un volume blanc si tout va bien, puis retour au noir… ça me fait penser aux codes couleurs des anneaux sur les résistances. Et ça ne me plaît pas qu’un peu comme analogie.