Vanina Ah Ah §39

– Agent Cristo ? C’est encore moi, pardon de vous déranger à une heure aussi tardive. J’espère que je ne vous réveille pas.

– Non, commandant, du tout. C’est difficile de dormir après une journée pareille. Comment va Lerdon ?

– C’est bon, elle se retape, mais notre justicière masquée à voix de Minnie Mouse a fait des miracles. Elle va juste revivre la scène pendant quelques lustres, mais ça aurait pu tellement être pire. Mais vous avez du monde ?

– Non, c’est la télé, ne vous inquiétez pas. Vous avez besoin de nous… de moi ?

– Non, pas immédiatement, mais je sais que vous serez à la brigade à huit heures, et je voudrais solliciter votre sens de la rondeur. Il faudrait que vous accédiez aux auditions de mademoiselle Celesti et monsieur Rodiguez. Houard fait toutes ses saisies en réseau, et vous savez comme il est organisé.

– Oui. Et vous voulez que je les détruise ?

– Non, mais je veux bien que vous les tourniez à votre sauce, sans les trafiquer à mort non plus, mais juste les rendre anodines et cohérentes… Bénignes, si vous voyez ce que je veux dire.

– Je vois oui. Le témoignage de la petite confirmera ce qu’on a vu sur place, on oublie l’ami Djone Smice, et on remet un peu d’ordre, et merci mademoiselle on vous rappellera. Et quant à Rodriguez : ivresse sur la voie publique, je peux tourner ça en deux lignes.

– Oui, c’est parfait. Et puis il faudra imprimer deux bons de sortie.

– Et vous voulez que j’imite des signatures ?

– Non, vous les mettez dans des enveloppes timbrées, et puis vous les expédiez à leurs adresses aux deux. Avec un post-it pour leur demander de vous les réexpédier, signés. Et puis un autre post-it : “avec nos remerciements”.

– Je vois, je vous fais ça en arrivant.

– Merci, Daniel, cette fois bonne nuit.

Cristo attend d’être sûr que la patronne a bien raccroché de son côté, et que son écran tactile se mette en veille sur une page d’accueil sans rien en instance. Puis il pose son téléphone sur la table de nuit.

– C’était la patronne.

– Oui, j’avais compris. Elle t’aime bien, la patronne. Moi, elle ne peut pas me blairer.

– Oui enfin, je la comprends un peu aussi.

– Forcément… et elle voulait quoi à cette heure ?

– Rien ; de la paperasse. Rien qui te concerne.

– Tant mieux. Pourvu que ça dure.

Cristo rebaisse son coussin dans son dos et se rallonge avant de rabattre les draps sur lui. Puis il passe son bras sous la tête de Thelma Bedarride, qui vient se coller à lui, et poser sa joue sur son sein. Elle est toute légère, même de la tête, et elle a des toutes petites mains. C’est quand même dommage qu’elle soit si méchante.

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