§35
– Commandant Cellor ?
– Monsieur Mécanic, contente de vous entendre. J’ai craint un temps que vous ayez choisi de rompre le contact.
– Non, je n’ai rien eu de nouveau pendant un moment. Juste un travail de fourmi.
– Et les choses ont changé ?
– Oui, je crois que oui. Et vous ? Du nouveau ?
– Oui on a retrouvé le biper de notre capitaine Lerdon vers le parc de Lacroix Laval. Et ce n’est pas bon, ça veut dire qu’ils ont quitté la ville.
– Oui, ça corrobore nos avancées. On a survolé Lacroix-Laval il y a peu.
– Comment avez-vous pu savoir ?
– Ça va être un peu long et beaucoup trop étrange à vous expliquer. Nous allons mettre la main sur les deux fuyards, et avec un peu de chance libérer dans les temps celle des vôtres qui est leur prisonnière. Vous pouvez envoyer ambulances et quelques-unes de vos forces dans un patelin qui s’appelle Haute-Rivoire.
– Haute-Rivoire, c’est la Loire, ça ?
– Non, c’est encore le Rhône, mais de peu et on s’y croirait. Nous y serons dans 10 minutes quant à nous, si ma partenaire n’a pas trop de trous d’air.
– Et vous est-il possible de nous attendre avant de procéder à quoi que ce soit ?
– Non, justement j’ai pris toute cette avance pour être sûr que vous et vos hommes ne vous trouverez pas au milieu. Les deux individus que nous traquons sont dotés de capacités qui les rendent extrêmement dangereux.
– Les deux ?
– Oui, sous réserve que nous ne nous soyons pas fourvoyés dans nos déductions, le deuxième homme est un ancien justicier du BIOS, en fuite et recherché par Interpole, du nom de Évanescent.
– Oui, je connais l’histoire, c’est cohérent avec le profil de nos fugitifs… mais puisque vous parlez du BIOS…
– Aïe…
– Oui, ils m’ont appelée, enfin j’ai eu droit à une conférence avec un gars de chez vous avec une tête d’oeuf, le genre à fumer la pipe…
– Mental…
– Voilà lui, et le préfet pour faire le chaperon. Et je dois vous demander de ne pas vous mêler de cette enquête qui est du ressort de la police.
– D’accord, et donc ?
– Et donc je vous demande de ne pas vous mêler de cette enquête qui est du ressort de la police. Voilà. Voilà voilà. Moi, j’ai fait ma part.
– Oui, c’est impressionnant. Vous savez que votre préfet n’a aucune autorité sur nous, les justiciers masqués ? Ce n’est pas qu’il est quelques échelons trop bas, c’est juste une histoire de compétences.
– Non, je ne le savais pas, mais à vrai dire en fait de compétences, j’ai dû lui demander quels genres de compétences il me faudrait à moi pour empêcher un justicier de classe 3 et une justicière de classe 5 de faire ce que bon leur semblent. Et c’est là que ça ne va pas vous plaire : votre vieux gars “Mental” m’a dit de ne pas m’inquiéter, que quelqu’un était déjà en route pour vous faire revenir à la raison. Que je n’avais qu’à attendre. Je crois qu’ils prennent les choses très au sérieux et qu’ils envoient quelqu’un de l’ex-Commission européenne.
– Qui n’a pas plus autorité sur vous que sur moi. Mais quoi qu’il en soit, le temps qu’ils arrivent, je me serai déjà mêlé de vos affaires. Mais je dirai bien que vous m’avez prévenu de ne pas le faire sous peine de… de…
– De mort ?
– Allez, ne mégotons pas.
– Je pars immédiatement avec mon équipe, Haute-Rivoire c’est à une heure de route, ça vous laisse le temps… le temps de faire quoi au juste ?
– De tuer ces deux salopards et peut-être de sauver votre confrère.
– Sauvez-la, s’il vous plaît.
– Oui, promis. Et quant aux deux qui lui ont mis les mains dessus, comme dit ma partenaire : on va leur faire manger les chicos par le cul.
– C’est un peu dégueu. Mais faites, donc.