§5
C’est mal engagé. Comment les choses ont pu vriller pour aboutir à une situation aussi étrange et surtout sur laquelle Jean-Jo Rodriguez n’a pas la moindre prise, c’est ce qui lui est le plus difficile à vivre, lui qui est quand même beaucoup beaucoup beaucoup dans le contrôle. Le petit lieutenant Houard l’a installé dans cette pièce qui sent la poussière et le vieux papier, et pas mal le tabac froid aussi, le temps de vérifier des détails. Vérifier des détails, mon oeil. Il y a pour si peu deux malabars en faction, de l’autre coté de la porte, qui étaient du tapissage et n’ont pas pris le temps de remettre leurs uniformes quand ils ont pris celui de se réarmer : arme de service, lacrymo et tonfa. Ça ne sent pas bon, et sous peu ça va sentir l’obligation de recourir au «coup de fil à un ami».
Le service juridique du BIOS ne pourra rien faire pour lui, sauf à ce qu’il révèle son identité et donne du même coup sa démission de fait. Et c’est dommage, parce qu’au plus haut niveau sa hiérarchie est la même que celle de la police. Mais l’ONU et plus encore le service dormant, mais toujours opérationnel, et so british, de l’ancienne Commission européenne, doivent pouvoir lui envoyer un avocat pour le sortir de là, voire même un commando pour l’extraire. C’est dans les cordes et les hautes compétences de l’une et l’autre des organisations. Surtout de la deuxième, qui est la légende urbaine la plus réelle et pragmatique qui soit, qu’on désigne familièrement et dans le monde entier du surnom de « the it doesn’t », l’it-dazeunt en Français, pour faire référence à cette réponse rieuse qu’avait faite le prince de Galles, Charles, quand on l’avait interrogé sur l’existence de la petite armée expérimentale secrète.
Mais encore faut-il que Jean-Georges n’ait rien à se reprocher. Et ça commence à l’inquiéter, parce que ça reste à prouver. Il n’a jamais de sa vie été en situation de ne pas savoir s’il a oui ou non pu garder le contrôle de tout ce qu’il a subi ou agi dans les dernières vingt-quatre heures. Il y pense sans arrêt, mais il est également sans arrêt dérangé par ce qui ressemble de plus en plus à une enquête. Et l’enquête le fait paniquer. La grande commandante et le petit lieutenant lui font l’impression d’être sur quelque chose, et de ne pas vouloir lâcher le morceau. Et il sait que sa couverture, sa légende, ne résistera pas longtemps à une enquête approfondie, surtout si comme il le sent, il a affaire à d’assez fins limiers.
Pour lui, son dernier souvenir remonte à samedi fin d’après-midi, il se voit partir du petit aérodrome de Corbas où avec La Spectre Noire il venait de convoyer une jeune députée de la majorité – non pas que sa sécurité ait jamais été tant soit peu menacée, mais quand on est ministre de l’Intérieur et qu’on veut sauter une similistagiaire c’est toujours un petit plus de l’impressionner en lui donnant comme escorte l’un des duos de justiciers le plus prestigieux et efficace du vieux continent. Il se souvient que La Spectre avait fait le job avec beaucoup d’implication et tellement au premier degré qu’il n’avait pas eu le courage de lui montrer les grosses ficelles de cette mascarade. Il lui avait juste parlé de ces journalistes qui de temps en temps font ce qu’ils appellent des « ménages ». Elle avait compris à peu près le principe, mais n’avait su faire aucun rapport avec les trois heures perdues à poireauter, pour faire glousser d’élection une petite dinde ambitieuse.
Il se revoit décider avec sa coéquipière de regagner Lyon en volant, puisque La Spectre Noirevole en plus de toutes les choses étranges qu’elle fait et quand même elle a des bottines à velcro parce qu’elle ne sait pas faire ses lacets. Il voit le moment où il lui indique la direction de Lyon tout proche, il la voit se concentrer pour décoller et la tête de grosse débile qu’elle a quand elle se concentre, mais après c’est le trou noir. Il a des espèces de flashs, des choses un peu floues, et avec un rendu jaunâtre, comme s’il avait assisté à tout sans participer à rien comme une noctuelle collée à une vitre et qui est subjuguée par les lumières électriques d’une maison. Il se voit danser, lui qui ne danse pas, il voit un container ou une benne à ordure, il voit un couple faire l’amour tout habillé debout contre un mur, il voit un carrelage en damier, et il en est presque sûr, il voit Blind. Enfin si c’est elle, il la voit de dos et de loin, en train de s’enfuir.
Blind c’est une coriace, une méchante. Son pouvoir est assez sommaire, mais elle le manie vraiment efficacement. Pas comme ce crétin égotique de Zébra-X qui a un laser dans chaque main et qui détruit tout partout où il passe, parce que c’est une feignasse, comme tous les enfants-rois d’aujourd’hui, qui estime qu’un don est un don, et que ça ne se travaille pas. Total, Blind, juste avec sa capacité à aveugler les gens qui la regardent, elle, est en train de laisser son nom dans l’histoire du crime, quand tous les justiciers-youtubeurs-influenceurs d’aujourd’hui ont l’air d’être produits à la chaîne, consommés, consumés, et qu’ils finissent tous en téléréalité, sur le divan d’un psy, ou en détox. Dans tous les cas à Dubaï.
Maintenant, reste à savoir si le pouvoir de Blind est assez traumatisant pour provoquer une amnésie. MDK l’a subit une fois et a eu la chance de finir son vol à l’aveuglette dans le sable fin du Pilat, et surtout la providence que la Guéparde ait profité de son involontaire diversion pour coller une de ces ruades de cheval qui ont fait sa légende dans le foie et la rate de la super-vilaine. Sinon il ne fait aucun doute qu’elle serait venue l’achever avec son satané lance-flamme. Blind ne fait de détail, et encore moins de prisonniers. Et ça, c’est inquiétant. Si elle a attaqué cette nuit, La Spectre Noire était forcément de la partie. Et en ce cas que lui est-il arrivé ? Bon sang, Jean-Jo Rodriguez espère que… non ce serait trop moche. Surtout qu’il se sent responsable de cette gamine idiote. Il s’y est beaucoup attaché. Aussi parce que c’est la première amoureuse éperdue qu’il ait jamais eue dans sa vie studieuse et martiale. Il en frissonne rien que d’imaginer des choses atroces et se ressaisit aussitôt : c’est quand même d’abord impensable. Il a des images de la soirée et de la nuit, s’il était arrivé malheur il en aurait au moins un flash, un filigrane… un post-sentiment.
Cette amnésie est une plaie. D’autant que ces messieurs-dames de la police ne se donnent même pas l’air d’y croire à moitié. Il faut dire que le trou de mémoire, c’est un coup qu’on doit leur faire régulièrement. Le commandant et son lieutenant expriment différemment une même incrédulité, mais c’est sur la bobine rigolarde de l’agent Cristo qu’elle donne son meilleur rendement. Ce gars se fout ouvertement de sa gueule. Alors que tout à l’heure au tapissage, dans le dos de son T-shirt noir, il y avait de floqué Johnny jouant de la guitare sur sa Harley et dans des genres de flammes de l’enfer. Et ce gars-là se fout de sa gueule à lui ? En même temps, la demie-rogne qu’il ressent d’y repenser à quelque chose de déjà vu, quelque chose de la redite. On ne se moque pas trop de lui en général, à part La Guéparde, qui doit être corse tellement la vanne est dans sa nature. Mais La Guéparde elle peut tout lui faire, La Guépardec’est une mauvaise amie de vingt si tant est qu’on peut être vrais mauvais amis sous de fausses identités. Si ça se trouve, dans le civil ils ne pourraient pas se souffrir l’un l’autre et n’en feraient ni cas ni mystère. Ce n’est pas exclu ; Jean-Georges Rodriguez n’a pas d’amis, et n’a finalement de relations qu’avec des gens masqués ou des directeurs de cabinet – ce qui revient à peu près au même.
Non, ce qu’il voit en flash, c’est un jeune gars éméché qui se moque de lui et lui tape le plexus avec deux doigts. Mais ce souvenir est sans contour et il ne peut pas savoir de quand il date, ni du pourquoi il a l’air de vouloir le remuer maintenant alors qu’il doit parer à bien plus pressé. Et s’il s’était pris le bec avec quelqu’un cette nuit ? Et si l’alcool aidant, quelque chose avait mal tourné. Avec une moquerie et un peu d’alcool, on peut faire bien des drames quand on n’est pas trop habitué ni à l’un ni à l’autre. Et puis surtout quand on est susceptible comme le petit père Jean-Jo. Et dangereux avec ça. Parce qu’en vingt ans de super-héroïsme il a eu des hauts et des bas le French Méca, il a encaissé quelques revers, et même des bonnes roustes, il a de belles cicatrices, et il sent bien toutes les broches qu’il a dans le corps quand le temps est l’humidité, c’est même sa grande fierté ça. Par contre, ce dont il n’a jamais su guérir, c’est des quelques blessures d’amour propre qui ont aussi fait sa carrière.
C’est ça aussi d’être un justicier sans réel pouvoir et sans capacité hors norme parmi les superhéros et les super-vilains. Le syndrome de l’imposteur est souvent mâtiné d’un déplacement problématique de la fierté. Jean-Jo est un boudeur, un rancunier, et le gros de son ascension dans la hiérarchie des « expérimentaux » a eu pour moteur le plus crasseux et rongeant des ressentiments : je vais t’en foutre moi des superpouvoirs, tu vas bien te la manger dans ta gueule la paix dans le monde, tu vas voir qui c’est MDK, des kilojoules de pression dans chaque main, il est là Jean-Jo, il est là.
Aussi, quelle idée d’avoir bu ? Si vraiment il a bu, en service qui plus est, et en ayant mission d’être la baby-sitter de La Spectre, c’est une faute professionnelle grave. Le conseil ne lui pardonnera pas. La Libellule et La Guéparde ne lui pardonneront pas. Il ne le se pardonnera pas. La Spectre Noire, ce n’est pas qu’on ne peut pas la laisser sans surveillance, mais… D’une certaine manière si. Si on ne lui dit pas que « le gel douche ça sent bon, mais ce n’est pas bon », elle doit être capable de goûter. Pour être sûre. Et c’est à peine exagéré. Oui bon, c’est exagéré. N’empêche, à la dernière réunion, elle a quand même assis tout le monde, alors que chacun sait qu’elle est capable d’aller loin, mais loin loin loin dans l’inepte. Elle était peut-être fatiguée, parce que les réunions du BIOS ce sont des pensums pour elle qui n’entrave rien, sachant qu’en ce moment en plus l’équipe s’entend tellement mal qu’elle se réunit pour savoir s’il faut changer une ampoule. Quoi qu’il en soit, à la fin de la réunion, houleuse, et pendant laquelle elle s’est faite toute petite sur le tout petit coin de table où elle est reléguée, et à sa posture, on aurait vraiment dit que ses parents s’engueulaient, à la fin tout le monde a été très soulagé d’un accord trouvé à l’arraché pour régler en bonne intelligence le problème de surconsommation électrique de l’armure-mulet, l’exosquelette de secours de MDK, toujours en charge au cas où, quand en vingt ans il n’y a jamais eu de cas où… Bon, quand a été acquis qu’on était à un autre niveau d’exorbitant avec les incessants « petits ratés » (chouchou a des petits ratés) de ce cabotin de Feu-Follet, on s’est dit qu’on pouvait aller sceller une négociation rondement menée, et un accord de vrais bonhommes, en allant s’enfiler le petit verre de la paix en ville. Entre « copains ». Parce que le BIOS, c’est aussi des « copains », punaise. Et donc sur le trottoir devant le QG, la question s’est posée : va-t-on en ville à pied, on prend-on les voitures ?
Et comme personne ne tranchait, et qu’elle aime bien être providentielle, elle a fait cette proposition, au premier degré :
– Moi je propose qu’on aille à pied jusqu’aux voitures.
Personne n’a ri, tout le monde s’est tenu, tout le monde l’aime bien dans l’équipe. Et à raison, c’est un coeur pure La Spectre Noire. Mais… . Dans la petite meute trop maligne que c’est le BIOS, avec tous ces ego très charpentés, ces jalousies, ces faux coups de pute et ces vraies indignités, on a tous dix mille exemples de la profondeur ingénue de ses questions, et de l’équilibrisme sophistiqué des points de vue qui lui sortent malgré elle de la bouche – et elle regrette toujours d’avoir parlé, elle se cloue le bec probablement autant qu’on a dû lui clouer toute sa vie, mais rien à faire : ses neurones sont hébergés dans sa langue, sinon c’est qu’elle a une de ses dix sentences cousues main qui est poussée au terme d’un tri drastique hors de son crâne comme un coucou d’un petit chalet. Elle est follement con cette fille. Et le pire c’est qu’elle est presque plus belle qu’elle est con.
Parce que qu’est-ce qu’elle est belle La Spectre Noire…
Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est d’essayer de faire tenir en cohérence les bribes parcellaires de la soirée et de la nuit, au moins le temps d’en livrer un état convaincant au duo de flics. Et surtout commencer par hiérarchiser les angoisses par priorité : La Spectre Noire et belle, innocente et ingénue, mais elle est d’abord La Spectre Noire. Ce qui peut lui arriver c’est de la gnognotte par rapport à ce qu’elle, elle peut faire arriver. Elle est réputée comme pas moins que quasi-invincible alors qu’elle est peut-être à peine à l’aube de connaître l’étendue de ses pouvoirs. Il n’y a pas un an elle ne savait pas qu’elle volait, il a fallu qu’elle tombe et qu’elle en ai le réflexe de survie pour le réaliser. Pendant les quatre premières années de sa carrière, elle a été piétonne ou… pire… Avant d’intégrer le BIOS, elle s’est lancée solo, comme tous les justiciers, le temps qu’on remarque ce qu’elle avait de remarquable, et quand elle ne s’enfuyait pas des attroupements, des quasi-émeutes, que sa présence créait alors qu’elle projetait de sécuriser la ligne A du métro en justaucorps de gymnaste, snowboots et masque SM en cuir, elle faisait des maraudes des nuits durant en scooter Hello Kitty. Au moins, on l’a remarquée vite, et on a pu la soustraire à une popularité débilitante où son talent se serait perdu à tout jamais.
Son talent originel, c’est de se rendre toute ou parties intangible, de se rendre traversable et traversante, par pratiquement tous les matériaux, sauf certains élastomères et certaines pierres rares comme le diamant. Mais en la testant au labo du QG pour évaluer ses limites, c’est vrai que La Libellule, qui a fait office d’experte parce qu’elle a fait quatre années de pharma et qu’elle est abonnée à Science et Vie, et MDK qui est peut-être un peu plus légitime, l’ont fait passer des caps dans l’appropriation de ses pouvoirs, et ceux-ci, pour buter sur certains impossibles mineurs, s’avèrent par ailleurs possiblement sans limites. Elle a découvert, parce qu’on lui a demandé d’essayer ce dont elle n’aurait jamais eu l’idée seule, qu’elle pouvait également rendre en les touchant des objets inertes intangibles. C’est-à-dire qu’elle contamine à sa guise la matière de son propre pouvoir. Ça n’a stupéfait ses examinateurs qu’autant qu’ils n’avaient pas réalisé qu’il lui fallait avoir cette capacité pour garder ses vêtements sur elle en traversant les murs et les personnes. «Bon sang, mais c’est bien sûr». Ça ne marche pas non plus avec toutes les matières, mais avec le temps c’est peut-être corrigible. Quand, gamine, elle a découvert son don, tous les matériaux à base de bois et de pâte à papier l’arrêtaient. Et ce n’est plus le cas aujourd’hui. Elle a donc appris. De la même façon qu’elle a appris qu’elle avait des moments télépathes. Qu’il lui arrivait d’entendre dans sa propre tête les pensées des gens. Bon là, pour l’aider à développer ce pouvoir, tout mental, avec l’espèce de friture sur la ligne qu’est son rapport à la cognition, il va falloir des trésors de patience. D’autant que pour l’instant, pas une personne qui a pensé dans sa tête n’a daigné le faire en Français… Il n’est pas exclu qu’elle capte exclusivement à l’international, ce qui ferait de ce super-pouvoir un des plus désespérément crétins de la planète, avec celui de cette pauvre Bulgare dont les mains produisent de sel impropre à la consommation alimentaire, et pas en quantité suffisante pour dépanner en cas de chute de neige.
Et puis il lui est arrivé deux fois en très peu de temps d’émettre quelque chose qui doit être un champ de force, un courant d’énergie. Enfin, on ne sait pas au juste. Les deux fois, c’est arrivé très vite, surgi de manière inattendue en pleine bagarre. Les deux fois, seul MDK en a été témoin ; elle peut projeter des gens et des choses sans les toucher. Un peu comme de la kinesthésie, mais ultra brève et ultra violente. C’est comme ça qu’elle a écrasé Rhino contre un mur. En levant le bras à vingt mètres de lui. Et quand on dit écrasé, c’est écrasé. Elle l’a incrusté dans le mur qui a été projeté aussi. Il aurait pu y avoir d’autres morts. Et la deuxième fois, c’est quand elle a balancé le gros caillou de la Croix-Rousse dans la gueule des frères Stavros. Les quatre en ligne : le strike.
Donc voilà, cette pure et innocente jeune fille n’est probablement pas en danger. Même seule, abandonnée de tous. S’il est arrivé quelque chose cette nuit, nul doute qu’elle est saine et sauve, et qu’elle aura probablement prévenu le QG de la disparition de MDK. Si ça se trouve, il y a eu une grande bataille des forces du bien contre les forces du mal cette nuit, et la presse doit en parler. Il faudrait que Jean-Jo puisse sonder sans en avoir l’air les planctons qui le gardent. Il y en a un qui passe souvent la tête par la porte. C’est vrai, qu’on lui a seulement demandé d’être discret, on ne lui pas demandé d’être fute-fute. Jean-Jo prend une grande inspiration et ferme les yeux pour reconvoquer sur l’écran de ses paupières l’image de ce jeune paltoquet qui se moque de lui. C’est difficile à faire, mais il a des furtivités, presque subliminales, et il ne faut pas chercher à les retenir, sinon il risque de les réinventer comme on peut parfois inventer ses rêves à mesure qu’on veut s’en souvenir. Le type est jeune, il a la mâchoire carrée, une coiffure télégénique comme celle de François Barroin, et on dirait qu’il est torse nu sous sa veste de costume comme un kéké des soirées à la plage. Ou alors ça, c’est peut-être d’avoir fait une association d’idées avec François Baroin, les associations, ça file vite, comme un impact sur un pare-brise, on pense Barroin-kéké-années 80-Macumba on peut très vite se retrouver à avoir une petite musique disco à l’oreille. N’empêche, le torse nu il pense pouvoir en être sûr. Et du coup la veste de costume, il la tient. Le kéké qui lui revient en flash, s’il a existé, s’il existe encore, est plus grand que lui, plus large aussi. Et dans cette hypothèse, la veste et probablement le pantalon qui viennent de partir au labo peuvent être les siens.
Et en ce cas, il faut s’interroger là-dessus : Jean-George Rodriguez a-t-il déshabillé un inconnu cette nuit, pour lui piquer ses fringues ?
La porte s’ouvre, mais cette fois c’est la tête du Lieutenant Houard qui apparaît.
– Monsieur Rodriguez ? La patronne veut vous voir.